DYNAMIQUES DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
L'INNOVATION DANS LA FILIERE VITIVINICOLE DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
Conclusion
a- Résultats
Tout d’abord, la filière vin régionale innove réellement,
principalement dans Tinnovation commerciale, souvent
couplée à Tinnovation de produit. Nous pouvons constater
des Iiensforts entre Iafonction technique de !’entreprise
au sein de la filière et la nature de l’innovation. Les
entreprises “innovent essentiellement dans leur métier”.
L’effet économique de l’innovation est lent à être obtenu
comme dans de nombreuses industries où le cycle de vie
des produits est long et marqué par des habitudes de
consommation stable. Nous ne sommes pas dans
l’industrie électronique ou même l’équipement électro-
ménager. Les habitudes alimentaires évoluent lentement,
et ce d’autant plus que la réputation en matière de vin
est liée à la tradition.
Les types d’innovations coexistent, en particulier
l’innovation de produit et l’innovation commerciale.
L’impact de l’innovation est généralement plus élevé
dans les grandes entreprises. Les entreprises innovent
principalement pour conquérir de nouveaux marchés et
renouveler la gamme. Ce sont les objectifs de l’entreprise
qui sont, très logiquement, essentiels dans les décisions
d’innovation. Le rôle du système d’innovation environnant
n’est que faiblement perçu, il apparaît probablement
comme lointain, donné, acquis, non maîtrisable ou
disposant d’une dynamique indépendante de l’entreprise.
Ce sont les relations marchandes qui dominent par les
échanges avec Tamont (fournisseurs) et Taval (clients).
La perception du rôle de l’environnement industriel ou
technologique local apparaît très peu. La marque est la
principale modalité de protection de l’innovation. L’aide
publique va essentiellement aux coopératives pour
!’innovation de procédé, conformément aux procédures bien
établies d’aides à la modernisation (contrats de plan Etat-
région et autres).
Dans la situation de crise économique actuelle (d’Hauteville
et al., 2005 ; Montaigne et al., 2006), l’innovation peut
contribuer à améliorer les performances concurrentielles
des entreprises du secteur. Un diagnostic détaillé de l’état
des techniques et des besoins d’innovation de la filière
pourrait être engagé, mais les entreprises ont d’ores et déjà
pris conscience que !’innovation pouvait être mobilisée
pour la reconquête des marchés.
b- Les limites
L’enquête apporte beaucoup d’informations sur un sujet
fréquemment ignoré. Mais nous avons vu, en introduction,
que nous étions en présence d’une problématique
complexe qui couvrait des évolutions de nature très
différentes. La principale limite des résultats obtenus
porte sur l’absence d’une vision dynamique et quantitative
quant au rôle de !’innovation dans la compétitivité du
secteur. Les montants d’investissements associés à la
nature des innovations, ne sont pas pris en compte et il
nous manque la vision stratégique du décideur, à savoir
en quoi cette innovation améliore les résultats de
l’entreprise et à quelle échéance. Nous savons également
que !’innovation est souvent source d’incertitude, est
risquée et nécessite du temps avant que son efficacité
puisse être évaluée. Cette dimension est donc à peine
effleurée par un questionnaire placé dans un cadre
relativement statique.
c- Les implications managériales
Cette première analyse invite les professionnels qui
n’innovent pas à se poser au moins la question de
Tapport de cette problématique et de s’interroger sur cette
variable stratégique encore souvent délaissée ou mobilisée
tardivement. Elle invite également à mieux raisonner la
dynamique de !’investissement dans ce secteur et à
évaluer !’appropriation des efforts de recherche réalisés
par Tamont public ou privé de la filière.
d- Les perspectives de recherche
Force est de constater que la variable innovation est
pour le moins mal, sinon pas du tout, pilotée par les
responsables politiques et économiques du secteur.
Aucune analyse des filières d’innovation n’a été
entreprise récemment. Aucun indicateur d’efficacité des
efforts de R&D n’est disponible. Des travaux sur cette
question recouvrant des enjeux de long terme mériteraient
beaucoup plus d’attention en échappant aux seules
préoccupations conjoncturelles, même si le management
au quotidien peut expliquer ce choix.
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