DYNAMIQUES DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
DYNAMISME ET FINANCEMENT DE LA CROISSANCE : LE CAS DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
En termes de structure financière, on remarque un poids
devenu plus important du besoin en fonds de roulement,
ainsi qu'un moindre recours à l'endettement à court
terme en 2002, lié notamment à un renforcement
important des fonds propres (figure 15).
C- Premières conclusions
En guise de premières conclusions, l'analyse descriptive
des entreprises agro-alimentaires du Languedoc-
Roussillon fait ressortir une croissance du chiffre
d'affaires des EAA du L-R sur la période 1998-2002 de
l'ordre de 30 o∕o. Cependant, ce chiffre cache une forte
disparité entre les filières, dans la mesure où la filière
"Dérivés des céréales" connaît une croissance de près de
60 o∕o alors que la filière "Vins" ne connaît qu'une
croissance d'environ 20 o∕o. Cette dernière demeure pourtant
la filière la plus importante tant au niveau du chiffre
d'affaires global quelle réalise qu'au niveau du nombre
d'entreprises quelle représente, et contribue donc le plus
à ce taux de croissance régional.
Globalement, il semble que cette filière ait été le plus
touchée par la crise. Par ailleurs, nous avons également
constaté que, comme en 1997, la filière "Vins" était
toujours celle qui investissait le plus, alors quelle a le plus
faible taux de profitabilité (résultat net rapporté au
chiffre d'affaires). L'important effort d'investissement,
malgré des ressources propres insuffisantes, se fait donc
souvent au détriment de la sécurité financière des
entreprises appartenant à cette filière. L'ensemble de ces
résultats semble faire ressortir une fragilisation
croissante de la filière vins.
Par ailleurs, nous avons également constaté une forte
disparité de la croissance des entreprises non seulement
entre les filières mais également au sein mêmes de
chaque filière. En effet, sur l'ensemble des entreprises,
28 o∕o connaissent une dégradation de leur CA sur la
période de 98-2002 alors que 58 o∕o d'entre elles ont une
évolution supérieure à 15 o∕o. On peut sans doute évoquer
une évolution 'duale' des EAA du Languedoc Roussillon
ces dernières années...
Ce phénomène se retrouve au sein même des filières. Par
exemple au sein de la filière fruits et légumes, 46 o∕o des
entreprises connaissent une croissance supérieure à 15 o∕o
alors que 35 o∕o sont en décroissance. Devant cette
disparité, nous pouvons légitimement nous interroger sur
les déterminants de la croissance et plus particulièrement
sur le rôle de l'innovation dans la croissance d'une
entreprise, que ce soit selon sa taille ou sa filière
d'appartenance. Cest ce que nous nous proposons
d'étudier dans la partie qui suit.
Il Croissance, innovation et
problématique de financement
de l’innovation
Dans un premier temps, nous examinerons le lien
potentiel entre la croissance et l'innovation, puis dans un
deuxième temps nous nous intéresserons au financement
de l'innovation.
A- Lien entre l’innovation et la croissance
Lagroalimentaire représente un ensemble de filières (vins,
fruits et légumes, dérivés des céréales, produits animaux...).
Le chiffre d'affaires qui a été déclaré par les chefs
d'entreprises interrogés comme étant généré par
l'innovation dans chaque filière n'est pas proportionnel
au nombre d'entreprises ayant innové. Cest dans la filière
dérivés des céréales que le chiffre d'affaires généré, issu
d'innovations, est le plus important (51 o∕o du chiffre
d'affaires total de la filière et 62 o∕o du chiffre d'affaires
des établissements innovants de la filière).
Les pourcentagessont beaucoup plus faibles ailleurs : dans
la filière "vins" respectivement 10 o∕o et 11 o∕o ; dans la
filière "fruits et légumes", 4 o∕o et 9 o∕o. La dimension
industrielle influence la propension à innover ainsi que le
poids relatif des produits ou services nouveaux dans le CA.
Nous avons retenu une conception élargie de l'innovation
incluant l'innovation produit, procédé, emballage,
organisationnelle et technologique. Une revue de la
littérature montre que les critères utilisés pour définir
l'innovation sont relativement proches de la définition
adoptée ici. Cest le cas de Keeble (1997) qui différencie
les PME innovatrices / non innovatrices à travers l'innovation
produit et procédé au cours des trois dernières années par
rapport à la date de l'enquête. Une autre méthode
devaluation du caractère innovant de l'entreprise est
celle adoptée par Hadjimanolis (1990), retenant de
manière subjective (échelle de mesure) l'appréciation du
dirigeant d'entreprise en matière d'innovations produites.
D'autres auteurs utilisent comme sources d'informations
les données disponibles issues de magazines spécialisés
dans chaque secteur d'activité, en connectant ces données
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