DYNAMIQUES DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
INTRODUCTION : DE L'ENQUÊTE DE 1998 À CELLE DE 2003, ET À CELLE DE 2008...
Cette dernière méthode (stratégie d'économie de
moyens) doit largement et constamment être utilisée afin
d'améliorer sans cesse la productivité : c'est une nécessité
vitale pour que nos EAA régionales puissent survivre sur
leurs principaux marchés, quasiment tous en
surproduction et hyper compétition.
Partant de ce principe que les marchés actuels sont
saturés et que les prix des produits 'standards' actuels ne
peuvent que continuer de baisser, il reste donc le plus
difficile à accomplir : trouver de nouveaux débouchés
et/ou trouver de nouveaux produits ou services...
A l'aube d'une sortie de l'actuel marasme (du moins si l'on
en croit les indicateurs économiques de ces derniers
mois), une relance durable de la dynamique agro-
alimentaire du Languedoc Roussillon ne peut donc, à
notre sens, provenir que du renforcement de trois
orientations stratégiques porteuses d'avenir : innover
plus, mieux défendre ses marques et exporter plus.
L’innovation dans tous ses états...
Plus de la moitié des EAA du LR déclarent avoir innové au
cours des trois dernières années. Il n'est donc pas étonnant
que cinq des articles de ce recueil traitent de l'innovation :
• Une discussion sur les orientations souhaitables des
stratégies d'innovation [Benamar et Vissac-
Charles). Il apparaît que les opportunités les plus
prometteuses sont celles qui transforment une
demande latente en une demande réelle, c'est à
dire la création d'un nouvel espace de marché dont
l'innovation constitue le principal moteur.
L'innovation permet d'aller au delà de la
confrontation directe, parce quelle fait diverger la
courbe de valeur.
• L'étude des liens entre innovation et signes de
qualité [Fort, Peyroux et Temri) permet de vérifier
l'hypothèse selon laquelle l'adoption de signes de
qualité collectifs et fortement liés au territoire
(avec une forte gouvernance territoriale) constituent
un frein à l'innovation sur le produit. En effet, une
fois fixé le cahier des charges, les marges
d'innovation sur le produit et les processus se
réduisent...
• La filière vin régionale est un bon exemple de cette
opposition relative : Les entreprises innovent réellement
[Montaigne et Cadot), mais principalement pour
conquérir de nouveaux marchés et renouveler la
gamme. Elles privilégient donc l'innovation
commerciale, souvent couplée à l'innovation
'incrémentale' de produit. L'effet économique de
l'innovation est toutefois lent à faire son effet,
comme dans toutes les industries où le cycle de vie
des produits est long et marqué par des habitudes
de consommation stable.
• Par ailleurs, l'émergence et la diffusion rapide des
NTIC [Salançon) implique que les processus de
production, de traitement et de gestion d'information
tendent à prendre une place dans la valorisation de
la production, à devenir un enjeu de pouvoir entre
les acteurs de la filière dans la mesure où la
maîtrise des informations sur la production est
censée conférer un avantage concurrentiel. Ainsi,
les NTIC deviennent-elles les supports de stratégies
à la fois défensive et offensive pour évoluer dans le
jeu des acteurs de l'agro alimentaire : défensive
notamment pour se distinguer de la concurrence et
offensive pour faire face en particulier aux
pressions des distributeurs.
• La 'gouvernance éclairée' apparaît comme l'une des
clés de l'innovation [Couderc et Stephany). Les
entreprises familiales à capital ouvert semblent, en
effet, avoir une propension plus forte à innover.
Le comportement "entrepreneurial" du dirigeant
(favorisant les investissements de croissance) demeure
déterminant, ainsi que son niveau de formation,
son implication pour favoriser la formation et
l'intéressement des salariés, qui favorisent la
dynamique d'apprentissage organisationnel, source
de plus d'innovation.
Mais une grande prudence reste de mise, avant de
promouvoir l'innovation tous azimuts, car les entreprises
doivent d'abord disposer des moyens de leurs ambitions.
Tout comme, d'ailleurs, le soutien d'une marque ou
l'expansion de l'entreprise à l'international, l'innovation a
pour particularité d'être un investissement risqué et
essentiellement immatériel, qui ne peut donc être financé
que par des capitaux propres (autofinancement ou
augmentation de capital), puisque les dettes financières,
par définition, ne sont pas utilisables pour des projets
risqués. Il s'ensuit que les entreprises 'dynamiques', mais
insuffisamment capitalisées, qui se lanceraient dans ces
investissements hasardeux, pourraient rapidement avoir à
faire face à une insuffisance de résultats financiers (et
par suite, de trésorerie), débouchant sur de grandes
difficultés financières.