DYNAMIQUES DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
L'INNOVATION DANS LA FILIERE VITIVINICOLE DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
classiquement dans les IAA comme dans l'agriculture,
l'innovation vient de "l'amont" de la filière d'innovation
{.Montaigne £ 1992-2, Pavitt K. 1984). Cest le couple
recherche publique - industrie d'amont ou équipementier
qui conçoit, propose, adapte un nouvel outil industriel.
Nous retrouvons bien ce modèle dans les nouvelles
technologies mises au point récemment. Nous pouvons
alors considérer que l'on est dans la phase de démarrage
de la diffusion de la technologie, durant les 5 à 10
premières années.
Sont ainsi citées trois fois les techniques de
thermovinification-flash détente, trois cas de
microbullage - microoxygénation, deux cas de filtration
tangentielle, un poste d'électrodialyse. Sans pouvoir
donner une grande valeur statistique à ces résultats,
compte tenu de la méthode d'échantillonnage et de la
faiblesse des effectifs, ils indiquent le début de la
diffusion de ces nouveaux procédés, dans le tissu
industriel. L'analyse des conditions de la diffusion relève
des industries d'amont (la stratégie commerciale des
équipementiers), de l'environnement institutionnel (la
réglementation, la répression des fraudes, les règles
applicables aux AOC) et de la nature même de
l'innovation en ce quelle "apporte de plus" comparée aux
procédés existants.
Dans trois cas, l'innovation est imprécise et il est difficile
de la "qualifier". On parle ainsi de "nouveau procédé de
vinification" sans précision supplémentaire, la nouveauté
est perçue et appréciée par l'entreprise.
2. L’adoption de procédés largement diffusés et
connus
Un autre ensemble d'innovations concerne l'adoption de
procédés soit déjà anciens, soit bien connus et diffusés,
mais non encore utilisés dans l'entreprise. Ces procédés
n'étaient pas mis en œuvre pour différentes raisons : ils
n'étaient pas nécessaires à l'élaboration de la gamme de
produits précédents ou n'étaient pas nécessaires pour
atteindre le niveau qualitatif des produits élaborés
précédemment. Ils ont pu être introduits pour améliorer
la productivité, la rentabilité de l'entreprise par une
économie d'échelle par exemple, ce qui n'était pas le cas
antérieurement. On peut regrouper dans cette catégorie :
la machine à vendanger (cité 1 fois), le pressoir
pneumatique (2 fois) et le groupe de froid (4 fois).
3. Des techniques plus anciennes
Le vieillissement en fût de chêne, (cité 3 fois), est un cas
très particulier dans la mesure où les notions de
"procédé" et "d'innovation" sont assez éloignées de la
perception habituelle. L'usage du bois comme contenant
est bien entendu fort ancien. Ce qui est nouveau, c'est sa
"redécouverte" dans la région Languedoc-Roussillon pour
élaborer des vins de garde permettant une meilleure
valorisation, en imitation des pratiques des régions
viticoles ayant une tradition plus ancienne de l'usage du
bois à cet effet. Cette pratique permet, de plus, d'obtenir
un caractère organoleptique particulier, une typicité des
vins, recherchée par certains consommateurs. La chaîne
technologique en est transformée, un apprentissage et de
nouveaux savoir-faire doivent être créés et mis en œuvre,
la conception même du produit ainsi que son
positionnement sur les segments de marchés plus
qualitatifs, modifient l'organisation de l'entreprise.
4. Une technique expérimentale contrôlée
réglementairement
Dans le même ordre d'idées, une entreprise cite l'adoption
de l'usage des copeaux de chêne. L'usage de cette
technique est encore, d'un point de vue strictement
réglementaire en France et dans !'Union Européenne, au
stade expérimental "prolongé" et bénéficie donc d'une
dérogation pour mieux cerner son usage. On est ici en
présence d'une stratégie de positionnement concurrentiel
face aux entreprises des pays du nouveau monde et de
l'hémisphère sud où cette technique classique est
autorisée depuis longtemps et largement appliquée. Les
contraintes réglementaires n'en font pas moins une
source de discussions sans fin tant à !'Organisation
Internationale de IaVigneetduvin (OIV)1 qu'à la commission
de l'union européenne.
5. Des investissements génériques de
modernisation
La création d'une nouvelle cave représente un cas
original dans la mesure où son concepteur dispose de
toute la batterie de technologies disponibles, sous la
contrainte budgétaire, bien entendu. Sa mise en œuvre se
fera donc en accord avec le projet d'entreprise.
Suivent les équipements de modernisation des chaînes
techniques comme l'achat d'une nouvelle étiqueteuse sur
la chaîne d'embouteillage d'un négociant. Ne faudrait-il
pas plutôt parler de modernisation que d'innovation dans
ce cas, mais où poser la limite ?
Une dernière remarque peut être faite sur l'informatique
qui n'est citée que 2 fois. Nous pouvons penser que soit
toutes les entreprises sont équipées, soit cette
technologie, en particulier dans son usage bureautique
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