Traitement de texte et strategies rcdactionnclles
83
L'affichage du texte a l'dcran provoque une lecture pluslenleelmoins
perspicace que celle qui est effectude sur papier(GoιιldetGrischko∖vsky.
1984; Haas et Hayes, 1986; Heppner, Anderson, Farstrup et Weiderman,
1985). De plus, comparativement aux feuilles de papier qui, dtaldes,
peuvent etre immddiatement consultdes, la taille de Tdcranrestreintla
portion de texte visible. Les rddacteurs emploient d'ailleurs fortpeules
fonctions de recherche (mot, page) et celles die ddfilementquipourraient
compenser ce cloisonnement (Harris, 1985; Lutz, 1987; Ross et Bridwell,
1984). Par ailleurs, Tdcriture a Tdcran s'effectuedeΓaconlineairec.ontrai-
rement a la production spatialement dparpillde sur le papierdes notes
et des mdtacommentaires (Sharples et Pemberton, 1990). Enfin les divers
procddds non linguistiques (fldche, « entourage », signe personnalisd, dia-
gramme, etc.), ne peuvent etre accolds aux jets denotesavecautantde
libertd graphique que sur le papier (Case, 1985; Bridwell et al., 1987;
Sharples et Pemberton, 1990). Au total, l'activitd de planification du texte
patit nettement du support informatique.
Il faut aussi noter que les conditions rdelles d'emploi de l'dditeur de
sommaire adjoint au Traitement de Texte ou bien celui des systdmes d'cla-
boration de diagramme (comme, par exemple, le logiciel Mac Draw),
ainsi que leur impact sur le produit dlabord n'ont pas dtd dtudids. On
peut penser que leur usage implique un mode de rdcupdration et d'orga-
nisation des iddes trop descendant et trop hidrarchique. Autrement dit,
leur utilisation ne semble pas conciliable avec les ndcessaires interactions
entre les processus de Conception, d'Organisation et de Recadrage des
informations (Piolat et Belorgey, 1991; Sharples et Pemberton, 1990),
ainsi qu'avec la rdcurrence entre les processus de Planification, Mise en
texte et Rdvision; la planification d'iddes dtant rdalisde de facon plus
opportuniste (Bisseret, 1987; Hoc, 1989; Piolat et Belorgey, 1991).
Contrairement a toute attente, Tactivitddecontroledelarddaction
est, elle aussi, entravde par le Traitement de Texte. Comparativement
a ce qu'ils font en dcrivant a la main et comme le montre le faible empan
de leurs « va et vient » a l'dcran, les rddacteurs focalisent leur attention
sur de petites portions de leur texte visible a l'dcran et se limitent, en
outre, a dvaluer et transformer les aspects linguistiques les plus superfi-
ciels de ces portions (orthographe, choix lexical, groupe de mots) au ddtri-
ment des aspects les plus profonds (bloc de phrases, transition, para-
graphe; Bridwell et al., 1987; Case, 1985; Haas, 1989; Lutz, 1987).
D'autres recherches montrent que les rddacteurs utilisent l'ordinateur
seulement lors de l'dtape finale d'dlaboration de leur texte. Ce fait est,
de prime abord, paradoxal avec les rdponses donndes aux questionnaires
d'attitudes (ou aux entretiens informels). Les rddacteurs disent employer
le Traitement de Texte avec une grande satisfaction parce qu'ils sont
captivds par l'dcran et peuvent transmettre a autrui des documents clairs
(Bradley, 1992; Bridwell, Sirc et Brooke, 1985; Collier, 1983; Barker,
1987; Bear, 1986; Dalton et Hannafin, 1987; Meyers et Tilly, 1986).
En fait, ces tdmoignages doivent etre nuancds. Les adolescents (Joram,
Woodruff, Lindsay et Bryson, in press; Woodruff et al., 1986) ou les
adultes (Bridwell et al., 1987; Bridwell et al., 1985; Meyer, 1990; Teles,
in press) prdferent composer leur premier brouillon avec un crayon et