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Danses. Idoles. Relaps. Moi aussi
J’ai assassiné Dieu de ma paresse de
Mes paroles de mes gestes
De mes chansons obscènes
J’ai porté des plumes de perroquet des
Dépouilles de chat musqué
J’ai lassé la patience des missionnaires
Insulté les bienfaiteurs de l’humanité.
[••■]
L’étendue de ma perversité me confond !2'8
Suivant cette perspective, il semble naturel que les œuvres de Césaire s’opposent à l’art
réaliste, comme c’est le cas de Baudelaire et Prévert. Césaire remarque d’ailleurs au sujet
de l’art africain dont il se sent proche, qu’« [...] il n’a jamais été copie du réel, copie de
l’objet ou copie de ce qu’il est convenu d’appeler le réel. »219
De plus, et comme la modernité prévertienne, le discours de Césaire se fait
fortement critique et polémique envers la société contemporaine. Ici encore, c’est
l’homme lui-même, et en particulier celui imposant un système de pensée occidental, qui
est montré du doigt dans les malheurs et les inégalités sur terre. Dans « Discours sur l’art
africain », par exemple, Césaire constate la domination de la civilisation occidentale
capitaliste pour en exposer les dangers. Il statue tout d’abord que, « Qu’on le veuille ou
218 Cahier 55.
219 Aimé Césaire, « Discours sur l’art africain », 1966, Etudes littéraires 6-1 (1973) : 108.