halshs-00456196, version 1 - 12 Feb 2010
résistances à tout changement de ce système étaient nombreuses, plus
particulièrement au Ministère des Finances et de l’Industrie, froissé de cette
intrusion internationale soudaine dans ses prérogatives d’édiction des normes
comptables françaises.
Ainsi, quelques uns de nos experts estiment que ce changement a été
largement perçu comme une concession supplémentaire aux anglo-saxons,
tout en admettant que la France a manqué d’esprit d’ouverture sur ce point :
« l’opposition aux concepts anglo-saxons est vrai dans tous les domaines y
compris dans la comptabilité. Cette incrédulité vis à vis de la juste valeur a
été relayée de manière politiquement habile pour essayer de déstabiliser les
IFRS. De plus, les français ont pris conscience à l'occasion des IFRS du
caractère stratégique de la comptabilité et de son caractère de plus en plus
économique et financier », souligne l’un d’entre eux.
Par ailleurs, l’IASB est une organisation privée, fondée par des entreprises.
L’Etat et les pouvoirs publics en France n’avaient donc originellement qu’un
rôle infime à jouer dans son fonctionnement, ce qui a fait douter de sa
légitimité. Cette organisation n’avait pas ouvert assez largement ses portes à
la représentation française en 2005 (un seul membre), mais on reconnaît que
des efforts ont été faits depuis pour y remédier avec l’accueil de deux
représentants français sur quatorze.
2.2.4. La langue
Les experts interviewés avaient des opinions très divisées quant à l’impact de
la langue anglaise pour expliquer le sentiment de la résistance française, étant
donné que beaucoup de documents d’aide à l’interprétation des normes sont
disponibles sur Internet tant en anglais qu’en français. Le comptable senior
de l’une des Big 4 estimait quant à lui que la langue n’était pas un élément
17