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incite finalement à questionner plus globalement le système social en place, ainsi que le
type d’égalité et de justice qu’il offre à tout individu qui y appartient.
Il faut souligner que cette étude de l’homme diffère de celle qui se développe à
l’époque classique dans le sens où cette dernière ne constitue pas une science propre à
l’homme mais le considère uniquement suivant la perspective des sciences naturelles,
c’est-à-dire en tant qu’espèce dans la catégorie du vivant. Ainsi relève Foucault au sujet
de l’âge classique, « il n’y [a] pas de conscience épistémologique de l’homme comme tel.
L’épistémè classique s’articule selon des lignes qui n’isolent en aucune manière un
domaine propre et spécifique de l’homme ».175 Certes, les réflexions des moralistes qui
fleurissent au XVIIe siècle engagent déjà un discours critique sur la nature humaine
propre ; elles ne se constituent cependant pas encore comme science et savoir
institutionnalisé et ne touche que très peu à la question sociale et aux caractéristiques des
différents groupes humains contemporains. Ce n’est bien qu’à partir du XIXe siècle que
cette notion d’homme se conçoit dans la pensée occidentale comme un objet d’étude
singulier et systématique à travers l’apparition de discipline qui lui est propre, les
sciences humaines et sociales. C’est ainsi que «l’homme [...] entre, pour la première
fois, dans le champ du savoir occidental », établit Foucault.176
Dans le domaine artistique, la tendance à l’observation critique de l’actualité qui
s’impose au XIXe siècle se traduit par une inspiration venant du temps présent et du
quotidien. L’esthétisation de ces éléments banals dans les œuvres d’art questionne de
facto les caractéristiques premières et les descriptions communes de ces objets. Suivant
l’approche moderne, Foucault décrit cette démarche ainsi :
175 Les Mots et les choses 320.
176 Les Mots et les choses 15.