fait en sorte que son personnel - son nouvel outil de production - revienne travailler le
lendemain, et n'aille pas chez le concurrent avec toute sa connaissance implicite et explicite.
Le chef d'entreprise est aussi celui qui doit augmenter la créativité de son personnel en
l'introduisant dans les "réseaux de compétence" et les "communautés de pratique" où l'on
s'échange de la connaissance pour en créer de la nouvelle. Il est donc celui qui favorise le
partage de la connaissance en réseaux. Et il peut également favoriser les réseaux afin de
favoriser un auto-contrôle de la qualité de la production de son personnel. Comme dans
l'exemple ASKO ci-dessus, le chef d'une entreprise de traduction qui "met dans le coup" tous
les utilisateurs concernés en créant un réseau autour de son personnel.
On le voit il ne s'agit plus de la même fonction. Cette nouvelle fonction n'est certainement pas
plus facile mais elle est moins violente, moins patriarcale. Il y a encore de la concurrence
mais elle suppose aussi et en même temps la collaboration en réseaux. Certains auteurs parlent
de "coopetition". On n'est plus dans le même monde. Et on voit que l'approche est aussi de
moins en moins "matérialiste". Si bien que l'on voit apparaître des associations comme "Spirit
in Business" ou "Business spirit". Il y a même maintenant un "Business Spirit Journal
online"7. Et autant l'entrepreneur industriel était souvent décrit comme un guerrier, autant
maintenant le paysage est en train de se transformer très rapidement et le nouvel entrepreneur
est non seulement celui qui favorise la créativité en réseaux mais aussi celui qui insuffle un
bon esprit dans son entreprise. Et certains commencent à concevoir le rôle de ce nouvel
entrepreneur comme une mission, comme une responsabilité vis-à-vis de l'humanité. C'est ce
que l'on voit poindre comme tendance -minoritaire certes- dans de respectables organisations
de business leaders comme la "World Business Academy" qui considère que le profit n'est
que la conséquence de la manière dont l'entreprise exerce sa responsabilité vis-à-vis du Bien
commun de l'Humanité8.
Exemple : La Cotrugli Business Academy à Zagreb : un succès.
La "World Business Academy" a aidé à la mise sur pied de la "Cotrugli Business Academy" à
Zagreb en Croatie, dont je suis le doyen depuis 2004. C'est un nouveau genre de Business
school qui essaye de répondre à ce changement de rôle de l'entrepreneur. Concrètement nous
proposons à nos élèves de "Executive MBA" une "approche sur deux jambes". La première
jambe consiste en des matières "classiques" comme la comptabilité, le business plan,
l'organisation, et le management « industriel » qui préparent ces élèves qui ont encore parfois
connu la période communiste, à se familiariser avec l’économie industrielle dans laquelle ils
sont immergés. Mais nous leur proposons dans un second temps la "seconde jambe" qui les
prépare à ce nouveau type de manager dans la société de la connaissance. Il s'agit ici de
perfectionner ses qualités humaines, son alignement intérieur, l'art de créer un bon esprit dans
son entreprise afin de favoriser la création de connaissance nouvelle en réseaux, etc. Et
l'académie leur montre aussi qu'il va être de moins en moins possible d'éviter de se préoccuper
de l'environnement et de l'inclusion sociale (CSR : Corporate social responsibility) puisqu'ils
sont de plus en plus pris en compte dans le calcul des valeurs immatérielles des entreprises.
Le succès de notre Académie est foudroyant. Probablement parce que nous correspondons à
un besoin latent de entreprises, et à une attente de la jeune génération9.
2.4. La fin du secret... et des brevets!
Le système de concurrence actuel repose sur le secret de fabrication. Si quelqu’un dispose
7 On trouve toutes ces organisations facilement sur Google.com
8 Voir leur site: http://www.worldbusiness.org/wharman.cfm Et le beau texte de Willis Harman, co-foundateur.
9 Voir notre site: www.cba.com.hr cliquez sur le drapeau anglais !
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